Lazio le violoniste
Il est Lazio le violoniste
Son épaisse chevelure noire descend jusqu'à l'épaule,
Ses yeux sont gris mais il absorbent une teinte bleutée,
Selon la lumière de fin de soirée
Son nez est fin, sa bouche est généreuse
Il est grand et élégant
Il a l’insolence de sa jeunesse
Son regard sombre
Vous invite dans son histoire :
"Je suis l’homme au violon
Quand l ‘été revient
J’apparais
Vous ne savez pas de quel pays
Je viens, mais qu’importe !
La nuit, je joue dans le quartier
Sur la place,
Les jeunes femmes ne me regardent pas
Elles préfèrent les jeunes hommes bien habillés
Avec leur jeans bien serrés et teeshirts colorés
leurs derniers smartphones qui n’arrêtent
Pas de sonner
Mais les femmes d’âge mur
Qui boivent leur petit vin rosé
Passent du temps
A me contempler.
Certaines m’aiment pour un soir
Dans des draps de coton ou de lin
Peu importe, je joue dans tous les coins
Ma mélodie les entraine
Je me donne la nuit
Aux femmes mal aimées
Pourtant, j’aime tant jouer du violon
Mais il faut croire
Que mon corps est le seul instrument que
Ces femmes sachent écouter
Mon violon dans son écrin
Ne manque de rien
Chaque soir, je le prends dans mes bras
Je l’étreins, et nous jouons
Notre mélodie encore une fois
Le matin avec ma chemise froissée
Mon gilet mal boutonné
Leurs regards fatigués, d’un geste
Elles me disent de m’en aller
C’est comme cela, rien ne peut changer
Elles retournent à leur réalité"
Je l’ai aperçu un matin mes croissant à la main,
Il sortait d’un hôtel particulier
Son regard a croisé le mien,
Il m’a frôlé, j’ai sentie sa chaleur, sa douceur
L’espace d’un moment
Son violon à la main, son pas pressé
Je me suis arrêtée, j’écoutais
La cadence de ses pas sur les pavées
Si affirmée, presque parfait.
L’été vous pouvez le rencontrer,
Un peu avant seize heures
Près des maisons abandonnées
Là ou les gens n’aiment pas aller
Dans un grand pré,
Il s’allonge dans l’herbe chaude
Le soleil éclaire son teint mat
Il prend son archet
Son violon dans le vent
Ses doigts agiles, le caressent
J’entends son chant, magnifique
Il joue avec son âme
Leurs corps de bois et de chair se composent
Chaque mouvement est si élégant
Il semble être venu d’un autre temps
J’admire sa vie de bohème
Assise, je l’écoute
Sa symphonie ouvre mon carnet
Et j’écris au rythme du violon
Cet été, je sais qu’il reviendra
Je l’écouterai encore et peu importe
Ce qu’il est, ce que les gens disent de lui
Il est un artiste il n’a pas besoin de se justifier
Il se fout de son talent
Pour lui l’important c’est de jouer
Pas de conservatoire,
Pas d’étude à terminer
Son violon est sa liberté
Et le temps que durera
La partition de sa jeunesse
Il ne jouera pour aucune des règles
De notre société.
Juliette
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